JT de TF1 >> Témoignage de la fille d’une victime décédée d’un airbag défectueux

Un monsieur est décédé le 3 juillet 2024 à la suite de l’explosion de l’airbag défectueux qui équipait son véhicule de marque Toyota. Si une victime n’est pas un chiffre à comptabiliser mais bien une personne qui avait une vie, une famille, des amis, des activités, des engagements,… il reste important de rappeler que 12 personnes sont décédées en France, à cause d’un airbag défectueux Takata depuis 2017, et que 14 ont été blessées grièvement.

Quelles sont les circonstances de l’accident ? 

La fille de la victime décédée, soutenue par ses soeurs, a pris la parole dans le 20h00 de TF1 pour souligner les circonstances de l’accident de son papa. L’enquête doit statuer sur le fait déclencheur de l’accident qui n’est pas clairement établi au regard de l’état de l’autre véhicule impliqué. Le choc jugé très léger, compte-tenu du peu d’impact sur le deuxième véhicule, a-t-il déclenché l’airbag défectueux qui a explosé de façon anormale ? Ou l’explosion inopinée de l’airbag défectueux a fait que la victime a perdu le contrôle de son véhicule et provoqué l’accident ?

Si la campagne de rappel nationale organisée par Citroën en mai 2024, invitait les automobilistes de ses modèles concernés (C3, C4, DS3, DS4, DS5) à ne plus utiliser leur véhicule et à prendre rendez-vous pour que l’airbag soit changé, elle affirmait que l’explosion de l’airbag défectueux ne pouvait se produire que suite à un accident, un choc, et que seuls les véhicules du Sud de la France étaient concernés, la chaleur et l’humidité étant des facteurs déclencheurs. Ces informations sont à prendre avec prudence car un accident s’est produit à Niort en avril 2024, plutôt dans le Nord donc, et une conductrice est décédée sur le coup, en mai 2023, suite à l’explosion inopinée de l’airbag défectueux de sa C3.

Pourquoi les rappels des véhicules concernés ne peuvent se résumer à l’envoi de courriers ? 

On peut aisément imaginer qu’il soit très compliqué voir complexe en termes d’organisation et de logistique, et très couteux aussi, d’organiser le rappel d’un nombre très important de véhicules qui en 10 ans sont devenus pour la plupart des 2ème ou 3ème main, de mettre à disposition des automobilistes concernés des véhicules de remplacement si nécessaire, ou encore de disposer de suffisamment d’airbags pour remplacer ceux qui sont défectueux. En revanche, que devient cette gestion colossale face aux vies des victimes décédées, victimes gravement blessées et à celles de leurs familles ? 

La procédure standard de rappels des marques automobiles semblent s’appuyer exclusivement sur l’envoi de courriers, simples ou recommandés. Est-ce suffisant ? Est-ce responsable ? Si la Justice va devoir identifier et trancher sur les responsabilités des parties prenantes concernées, il reste important de se poser la question. Est-ce que si Toyota, marque concernée dans ce dernier accident mortel, avait utilisé d’autres moyens de communication et de sensibilisation, ce monsieur serait en vie ? 

« Ne faudrait-il pas que les marques concernées soient tenues de s’assurer que l’information est bien passée ? Quand la vie humaine est en jeu, il y a une obligation de résultat. Quand un concessionnaire souhaite vendre des véhicules, il n’envoie pas uniquement un courrier ni même plusieurs, il envoie des SMS, il passe par les réseaux sociaux, par la télévision. Quand un constructeur automobile veut toucher des acheteurs potentiels, il sait le faire. Je serai vigilant à ce que les victimes et leurs proches ne se sentent pas culpabilisées parce qu’elles n’ont pas été en mesure de récupérer un courrier recommandé ou ouvert un courrier simple s’apparentant à une énième publicité. Cela ne doit pas être une condamnation à être blessé, à être tué. Celui qui vend un véhicule a l’obligation de s’assurer de l’intégrité de celui-ci » souligne Charles-Henri Coppet, avocat spécialiste en droit du dommage corporel, défense exclusive des victimes.

Il est également nécessaire de souligner que dans le cas d’une victime gravement blessée ou le concessionnaire Citroën déclare avoir envoyé 3 courriers : le premier a été envoyé à la bonne adresse et n’a pas été récupéré, le second a été envoyé à une mauvaise adresse, le troisième est arrivé plusieurs mois après l’accident. Dans deux autres cas où les victimes sont décédées, aucun courrier n’a été reçu sauf après l’accident. Un des deux véhicules avait par ailleurs passé un contrôle technique quelques semaines avant l’accident, sans aucune alerte sur la problématique des airbags défectueux.

Aujourd’hui, il reste 3950 véhicules Toyota concernés par un airbag défectueux en Guadeloupe et des centaines de milliers d’autres de marques concurrentes, en France hexagonale, aux Antilles-Guyane, en Europe, et à l’international. La France n’est pas le seul pays concerné. Que comptent faire ces marques ?

Pourquoi demander une instruction unique pour les victimes d’airbags défectueux ? 

Rappelons qu’une quinzaine de marques automobiles sont concernées. Le premier décès lié à un airbag défectueux date de 2014, il concerne alors la conductrice d’une Honda aux Etats-Unis. En 2017, Takata, équipementier japonais leader du marché des airbags, fait faillite et reconnait avoir dissimulé la dangerosité de ses airbags et truqué les tests de sécurité pendant des années. Les risques de décès et de blessures graves sont ainsi connus depuis 10 ans et ne peuvent être ignorés depuis 7 ans, année de la faillite de Takata et de son audition devant le Département de la Justice américaine.

« Plusieurs instructions judiciaires ont été ouvertes et au moins cinq juges ont été saisis pour des faits identiques survenus entre 2017 et 2024. Il y a également un nombre de victimes potentielles équivalent au nombre de véhicules équipés d’un airbag défectueux non remplacé. À la lumière de ces faits et pour les victimes dont il a été fait abstraction depuis des années, je demande qu’une instruction unique soit ouverte et confiée à un Pôle spécialisé de santé publique. Le rappel des airbags défectueux en France est un scandale industriel de sécurité et de santé publiques et doit être jugé comme tel. Un scandale qui en rappelle d’autres en matière de mise sur le marché de produits défectueux : le lait contaminé Lactalis, le Mediator, ou encore les prothèses PIP. Le nombre de victimes, leur répartition géographique, les moyens et les compétences techniques nécessaires, avaient conduit à l’ouverture d’instructions uniques confiées à un Pôle spécialisé de santé publique. Seule la saisine d’un tel pôle permettrait de réaliser de manière coordonnée des opérations de vérifications d’envergure notamment aux sièges des grands groupes industriels concernés. » précise maître Charles-Henri Coppet.

Le cabinet Coppet Avocats accompagne 7 victimes gravement blessées et 5 familles de victimes décédées d’accidents liés à un airbag défectueux.

Regarder le sujet diffusé aux 20h00 de TF1 – Airbags défectueux : une nouvelle victime en Guadeloupe – 21 juillet 2024 (lien actif sur l’image ci-dessus)

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